Mercredi 27 février 2013, 17h-19h
Université Paris 1, Panthéon-Sorbonne
14, rue Cujas 75005 Paris
Salle de CRPS (Escalier N - 3ème
étage-H604)
Intervenant : Miguel Herrera, Doctorant, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Intitulé : La
production du changement dans la justice : Dé-légitimation des magistrats et
promotion des pratiques managériales dans l’administration judiciaire en
Equateur 2007-2012
Discutant : Clément
Paule, Doctorant, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Présentation : Dans le cadre de sa
série d’étude « Penser l’Etat à partir de ses institutions », le GELS
a le plaisir de recevoir Miguel Herrera, doctorant en science politique à l’Université
Paris 1, qui présentera les dernières
avancées de sa recherche consacrée à la production du changement dans la
justice équatorienne. Il sera discuté par Clément Paule, doctorant également
de l’Université Paris 1.
L’arrivée au pouvoir de Rafael Correa et de son parti Patria Altiva i Soberana (PAIS) en
janvier 2007 constitue un moment important dans la restructuration du champ
politique équatorien. Mis en avant comme le gouvernement de la « Révolution Citoyenne », la
présidence de Rafael Correa prétend marquer le début d’une nouvelle
époque après les années de néolibéralisme caractérisées par la
détérioration de l’économie et la paupérisation de la société. Ces « temps nouveaux » seraient le
produit des politiques de réforme de l’Etat promues par le gouvernement, mais
aussi de la sortie des anciennes élites politiques, dites la « partitocratie », et des
institutions étatiques où elles s’étaient installées. Ainsi, l’administration
judiciaire est l’un des terrains de lutte où les anciens s’affrontent aux
nouveaux, chacun prétendant faire valoir ses ressources de légitimité pour affirmer
son autorité.
Critiqué pour ses liens avec la « partitocratie », le corps
judiciaire se voit menacé par ces dirigeants politiques qui considèrent la
justice comme un obstacle pour la constitution d’un Etat démocratique et
populaire. La publicisation de scandales impliquant les magistrats viendraient
confirmer cette image d’une justice corrompue qui laisse les délinquants (y
compris ceux en col blanc) dans l’impunité. L’arrivée de nouveaux gestionnaires
pour administrer la justice est donc la réponse à la « crise judiciaire » que traverse le
pays. Mis en avant pour leurs compétences techniques ces gestionnaires doivent
mettre en place une restructuration des institutions judiciaires pour les
rendre plus efficaces et transparentes. La réforme se présente donc comme
essentiellement technique et administrative mais elle revêt une dimension politique
très importante. En effet, il s’agit d’éliminer la présence de la « partitocratie » et produire les
signes d’un véritable changement (modernisation, démocratisation) dans la
justice. Ces acteurs participent à des opérations de redéfinition de la réalité
dont l’enjeu serait la confirmation prophétique des ruptures annoncées et
l’avènement des « temps nouveaux ».