jeudi 11 avril 2013

[Atelier 2012-2013]Séance 2: Construire une alternative à la lutte anti-drogue, Déborah Alimi, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne Paris 1


Mercredi 17 avril 2013, 17h-19h
Université Paris 1, Panthéon-Sorbonne
14, rue Cujas 75005 Paris
Salle du CRPS (Escalier N - 3ème étage-H604)

Intervenant : Déborah Alimi, Doctorante, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Intitulé : Construire «un paradigme alternatif» à la «lutte contre la drogue» :
La 56ème Session de la Commission des Stupéfiants, chef d’orchestre modérant le timbre des voix dissonantes

Discutant : Julian Fernandez, Doctorant, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Présentation :Dans le cadre de son axe d’étude « Penser le redéploiement de l’Etat à l’international », le GELS a le plaisir d’accueillir Déborah Alimi, doctorante de deuxième année à l’Université Panthéon Sorbonne, pour une présentation de sa recherche doctorale consacrée à la construction d’un « paradigme alternatif » en matière de politique internationale de « lutte contre le problème mondial de la drogue ».

L’histoire longue de plus d’un siècle des modalités de problématisation et d’investissement politique de l’objet « drogue » au niveau international a donné naissance à un appareillage normatif et organisationnel lourd chargé de contrôler et de limiter l’utilisation des stupéfiants aux usages médicaux et scientifiques. Les stupéfiants font « problème » non pas tant par leur vertus hallucinogènes ouvrant aux paradis artificiels, que par le caractère « déviant » de leurs utilisations et les externalités négatives sous-jacentes bouleversant les ordres et équilibres moraux, socio-économiques, politiques et culturels des Etats.  Un consensus mou autour d’un paradigme de contrôle international des drogues s’est construit à partir des années 1960, sous le leadership des Etats-Unis alors ébranlés par une consommation endémique et engagés dans une « guerre » acharnée. Devant le constat effarant de l’expansion du narcotrafic et donc de l’apparent « échec » des politiques en vigueur, des voix appelant à un « changement de paradigme » s’élèvent de façon plus assurée notamment à partir du continent latin depuis la fin des années 1990. Tout récemment, des Etats latino-américains prennent position publiquement pour un « débat ouvert et franc » sur la question des drogues, véhiculant leur message au cœur des fora internationaux tels le Sommet des Amériques ou encore l’Assemblée Générale des Nations Unies.

Récemment revenue d’une mission d’observation de la 56ème Session de la Commission des Stupéfiants (CND) à Vienne, Déborah Alimi partagera ses premières impressions critiques sur la portée de ses voix discordantes au cœur de l’arène onusienne responsable de l’agenda de la « lutte contre le problème mondial de la drogue ». Organe d’expertise et de décision  politique dépendant de l’ECOSOC, la CND contrôle la situation mondiale des drogues, développe des stratégies et des recommandations en conséquence toujours dans le respect des Conventions internationales en vigueur. Déborah Alimi sera discutée par Julian Fernandez - doctorant à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, qui lui consacre ses travaux à l’étude des mobilisations et des controverses en Colombie autour des usages licites de la feuille de coca. 

jeudi 14 février 2013

[Atelier 2012-2013] Séance 1: La production du changement dans la Justice équatorienne, Miguel Herrera, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne


Mercredi 27 février 2013, 17h-19h
Université Paris 1, Panthéon-Sorbonne
14, rue Cujas 75005 Paris
Salle de CRPS (Escalier N - 3ème étage-H604)

Intervenant : Miguel Herrera, Doctorant, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne 

Intitulé : La production du changement dans la justice : Dé-légitimation des magistrats et promotion des pratiques managériales dans l’administration judiciaire en Equateur 2007-2012

Discutant : Clément Paule, Doctorant, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
           
Présentation : Dans le cadre de sa série d’étude « Penser l’Etat à partir de ses institutions », le GELS a le plaisir de recevoir Miguel Herrera, doctorant en science politique à l’Université Paris 1,  qui présentera les dernières avancées de sa recherche consacrée à la production du changement dans la justice équatorienne. Il sera discuté par Clément Paule, doctorant également de l’Université Paris 1.

L’arrivée au pouvoir de Rafael Correa et de son parti Patria Altiva i Soberana (PAIS) en janvier 2007 constitue un moment important dans la restructuration du champ politique équatorien. Mis en avant comme le gouvernement de la « Révolution Citoyenne », la présidence de Rafael Correa prétend marquer le début d’une nouvelle époque après les années de néolibéralisme caractérisées par la détérioration de l’économie et la paupérisation de la société. Ces « temps nouveaux » seraient le produit des politiques de réforme de l’Etat promues par le gouvernement, mais aussi de la sortie des anciennes élites politiques, dites la « partitocratie », et des institutions étatiques où elles s’étaient installées. Ainsi, l’administration judiciaire est l’un des terrains de lutte où les anciens s’affrontent aux nouveaux, chacun prétendant faire valoir ses ressources de légitimité pour affirmer son autorité.

Critiqué pour ses liens avec la « partitocratie », le corps judiciaire se voit menacé par ces dirigeants politiques qui considèrent la justice comme un obstacle pour la constitution d’un Etat démocratique et populaire. La publicisation de scandales impliquant les magistrats viendraient confirmer cette image d’une justice corrompue qui laisse les délinquants (y compris ceux en col blanc) dans l’impunité. L’arrivée de nouveaux gestionnaires pour administrer la justice est donc la réponse à la « crise judiciaire » que traverse le pays. Mis en avant pour leurs compétences techniques ces gestionnaires doivent mettre en place une restructuration des institutions judiciaires pour les rendre plus efficaces et transparentes. La réforme se présente donc comme essentiellement technique et administrative mais elle revêt une dimension politique très importante. En effet, il s’agit d’éliminer la présence de la « partitocratie » et produire les signes d’un véritable changement (modernisation, démocratisation) dans la justice. Ces acteurs participent à des opérations de redéfinition de la réalité dont l’enjeu serait la confirmation prophétique des ruptures annoncées et l’avènement des « temps nouveaux ».