mardi 11 décembre 2012

[Conférence 2012-2013] Séance 1: La résolution de conflit et le processus de négociation de paix en Colombie, Pr. Chernick, Georgetown University.


Vendredi 14 décembre 2012 de 15h30 à 17h30
Salle du CRPS (Escalier N – 3ème étage) H 604
Sorbonne
14 rue Cujas 75005 Paris

Intervenant : Pr. Marc Chernick, Professeur et directeur du Master d’Etudes latino-américaines et du Center for Latin American Studies of the School of Foreign Service, Georgetown University, Etats-Unis

Intitulé : “Conflict resolution theory and the colombia peace process:  Ending a Protracted Armed Conflict through Negotiations”

Introduction : Déborah Alimi, Doctorante, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

Présentation: Le conflit armé colombien représente depuis le milieu des années 1940 l’une des plus longues insurrections en Amérique latine. Le Président Juan Manuel Santos et la tête des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC)- principal mouvement de guérilla du pays, ont récemment annoncé la tenue de discussions secrètes facilitées par les gouvernements de Norvège et de Cuba. Les deux parties ont convenu d’un programme de négociations axé sur les cinq principaux enjeux du conflit : la terre, le trafic de drogues, les victimes, la participation politique, et le cessez-le-feu. Des pourparlers se sont formellement ouverts à Oslo le 15 octobre dernier, et ont été officiellement entamés à la Havane en novembre. 

 A l’occasion de la visite en France du Professeur Chernick (Georgetown University), le Groupe d’Etudes Latino-américaines de la Sorbonne a le plaisir de l’accueillir pour une conférence sur l’évolution du conflit colombien et le processus de négociation en cours. Sa présentation s’appuiera sur une analyse comparative des autres processus de paix en Amérique latine, en Asie et en Afrique mais également sur les théories de résolution de conflit. 

 Dr. Marc Chernick est professeur de science politique et directeur du master de Latin American Studies ainsi que du Center for Latin American Studies of the School of Foreign Service de Georgetown University à Washington D.C. Il est également directeur du programme Georgetown de résolution de conflit et droits de l’homme à l’Universidad de Los Andes à Bogotá, Colombie. Spécialiste des questions de violence, d’insurrection et des processus de paix en Colombie et en Amérique Latine, il a récemment publié un ouvrage sur ce thème, Acuerdo posible: Solucion negociada al conflicto armado colombiano (Bogota, 3rd edition 2012),  ainsi que de nombreuses contributions telles "The FARC at the Negotiating Table" et "The FARC: From Liberal Guerrillas to Marxist Guerrillas to Post-Cold War Insurgents." Dr. Chernick a été consultant notamment auprès de la Banque Mondiale et du PNUD sur les questions des droits de l’homme, de la démocratie, des systèmes d’early warning et de résolution de conflit en Amérique latine et en Afrique. Pr. Chernick a un doctorat de science politique de Columbia University.

 *L’intervention sera en anglais. La discussion pourra se faire en anglais et/ou en espagnol.

samedi 1 décembre 2012

Atelier 2012-2013: "L'Etat en Amérique Latine: transformations, recompositions et redéploiements"

Idéalisé comme l’apparente incarnation d’un nouveau modèle de gouvernance « post-néolibéral » (Grugel & Riggirozzi, 2012), ou décrié pour sa dépendance à une économie extractive (Hogenboom, 2009) et aux intérêts d’une nouvelle élite politique jugée peu regardante des « impératifs  démocratiques » (souvent dénoncée par ses pratiques « populistes »), l’Etat en Amérique Latine suscite beaucoup de débat parmi ceux soucieux d’interpréter ses transformations actuelles. Tant dans les milieux académiques que dans les champs politiques et médiatiques, les avis s’opposent quant à la performance des institutions étatiques et le niveau de « consolidation démocratique » dans la région. En effet, au cours de cette dernière décennie la plupart des pays d’Amérique Latine ont traversé une période marquée (à différents degrés) par une restructuration des champs politiques locaux avec l’arrivée des partis de gauche au pouvoir, et une reformulation de la structure institutionnelle étatique. Les cas du Venezuela, de la Bolivie et de l’Equateur semblent les plus exemplaires à cet égard à la suite de processus de réforme constitutionnelle.

L’objet de l’Etat en Amérique latine a été notamment investi par la recherche américaine, tandis que la recherche latino-américaine commence à se démarquer et que la recherche française demeure encore assez timide avec quelques exceptions (Dezalay & Garth, 2002 ; Dabène, 2012). Les travaux académiques américains ont largement contribué  à diffuser deux approches qui ont traditionnellement dominé cet objet d’étude. D’une part, l’Etat est analysé au prisme de sa transition et de sa consolidation démocratique (Linz & Stepan 1978 ; O’Donnell & Schmitter 1986 ; Huntington, 1991 ; Przeworski, 2005). Dans le prolongement de cette approche, il est question principalement d’examiner, comparer voire mesurer la qualité démocratique (PNUD, 2005) à partir d’indicateurs présentés comme « objectifs » à savoir  la participation citoyenne (débat entre démocratie participative et populisme), les libertés publiques (les médias) et la reconnaissance des droits (droits de l’environnement, droits des populations ancestrales), la concentration des pouvoirs (nouveaux mécanismes d’équilibre institutionnel vs. présidentialisme). D’autre part, l’Etat est appréhendé par le prisme de son économie politique (« Political economy analysis ») : il s’agit ici d’étudier les interactions entre les processus économiques et politiques dans un contexte social déterminé, la distribution des pouvoirs et des richesses entre les différents acteurs impliqués ainsi que les processus permettant la création, le maintien et/ou la transformation de ces relations. Dans cette perspective, une place importante est accordée aux « intérêts » (« incentives ») des acteurs en lice et aux mécanismes déterminant leurs choix d’action (« rational-choice » ; « game theory »). De plus, les politiques économiques seront évaluées par leur « performance ».

Toutefois, la recherche sur l’Etat en Amérique latine tend vers une routinisation, d’une part,  méthodologique (prédominance de méthodes quantitatives au détriment d’analyses qualitatives appuyées sur l’observation ethnographique, travail sur archives documentaires et sur entretien) et d’autre part conceptuelle avec une application systématique de schèmes d’explication ou de catégories d’analyse (« modernization», « democratic consolidation », « regime breakdown »). Par ailleurs, l’introduction de nouveaux schèmes conceptuels ne s’accompagne pas forcément d’une discussion théorique créant seulement des labels pour caractériser un Etat à un moment donné de sa quête de développement. On pense ici, par exemple, aux travaux sur l’émergence d’un « Etat post-néolibéral » en Amérique latine - (Kennemore & Weeks, 2011).  Ceci traduit une certaine forme de tâtonnement théorique parmi les chercheurs mais également parmi certains experts de think-tank américains ou d’organismes internationaux qui tentent d’appréhender ces nouvelles réalités non sans considérations normatives.

L'atelier du GELS* de cette année aura donc pour thème « l’Etat en Amérique latine, entre transformations, recompositions et redéploiements ». Faisant échos aux débats contemporains et dans un souci d’enrichissement de la réflexion française sur ce thème, l’atelier aura pour objectif de confronter les différents modes d’analyses de l’Etat aux réalités latino-américaines mais également de pousser la réflexion en mobilisant en particulier des catégories et des méthodologies d’analyses propres à la sociologie politique française. Il sera question d’appréhender ce thème sous trois axes principaux :
  1. Penser l’Etat à partir de ses institutions ;
  2. Les rapports des citoyens à l’Etat et aux acteurs qui l’incarnent (avec un intérêt sur la politisation et la réappropriation du politique) ;
  3. L’exportation et l’importation de pratiques d’Etats de et vers l’international
!!! Pour accéder aux références indicatives, merci de visiter la page d'accueil ou de cliquer içi

samedi 1 septembre 2012

Atelier GELS 2011-2012 : « Les modalités d'approche du politique en Amérique latine »


          L'Amérique latine a fait l'objet d'une grande attention scientifique et médiatique ces dernières années en France et en Europe. Considérée sous le prisme des dictatures et des guérillas dans les années 1960, 1970 et 1980, puis comme un continent ravagé par le néolibéralisme dans les années 1990, aujourd'hui certains y célèbrent l'adoption de la « démocratie de marché » et l'ouverture d'une ère de progrès, symbolisée par la prospérité économique du Brésil. D'autres se réjouissent du tournant à gauche du continent et placent l'espoir de la possibilité d'un autre monde dans des gouvernements comme celui d'Hugo Chavez au Venezuela ou d'Evo Morales en Bolivie. Quand ce ne sont pas les gouvernements politiques qui sont porteurs de ces espérances, elles sont placées dans les mouvements sociaux qui agitent le continent et dans les pratiques dont ils sont porteurs (les récupérations d'usines en Argentine ou la défense de la « terre-mère » par les mouvements indiens en sont les principaux symboles).
Ces différents regards et ces appréciations variées sur le continent témoignent à chaque fois de son extrême « policité » dans l'imaginaire européen.  Ces représentations politiques du continent sont produites par différents acteurs sociaux et politiques : hommes politiques, intellectuels, journalistes, artistes ou encore exilés politiques issus du continent.  Les sciences sociales ne sont pas en reste et produisent elles aussi des savoirs sur l'Amérique latine. Il existe aujourd'hui une pléthorique littérature scientifique sur l'Amérique latine, émanant à la fois de chercheurs européens, nord-américains et latino-américains.
C’est cette littérature que nous nous proposons d'interroger dans cet atelier, à partir des travaux des doctorants qui ont pour terrain ce continent. Il s'agira donc de faire un état des lieux de la recherche en sciences sociales, d'en faire le bilan et de se positionner par rapport à ces multiples approches. C'est à partir de travaux de recherche empiriques que nous nous proposerons d'interroger les savoirs produits en sciences sociales sur l'Amérique latine.
L'atelier de cette année aura donc pour objectif l'étude des « Modalités d’approches du politique en Amérique Latine ». Les questions suivantes pourront par exemple être posées lors des différentes séances: Comment les sciences sociales appréhendent-elles le continent ? Quelle littérature spécifique et scientifique peut être utilement convoquée ? Comment la mobiliser et la faire fonctionner sur le terrain ? Comment dépasser certaines oppositions disciplinaires ou de courants scientifiques ? Qu’est que le politique en Amérique Latine, comment le définir et comment s’en saisir?
L'atelier est ouvert à tous. Il aura lieu les mardis toutes les trois semaines, de 16h à 18h en salle du CRPS (H 604, Escalier N, 3ème étage, 14 rue Cujas 75005, Paris). Chaque présentation devra comporter un bilan bibliographique approfondi avant de développer un ou plusieurs points plus précis. Un discutant interviendra ensuite avant de laisser la parole à la salle.


Programme 2011-2012

Lundi 17 octobre 2011: Frédéric Massé - Docteur en sciences politiques, Codirecteur du Centre de Recherches et Projets Spéciaux (CIPE) de l’Université Externado de Colombie et Coordinateur du Département de Désarmement, Démobilisation et Réintégration (DDR) du Centre International de Toledo pour la Paix (CITpax), « Les bandes criminelles émergentes (Bacrim) en Colombie » (discutant: Julian Fernández)

 Mardi 22 novembre 2011: Julian Fernández- doctorant Paris 1, « Les controverses autour des conventions internationales sur les stupéfiants : les mobilisations en Bolivie et en Colombie autour des usages de la feuille de coca » (discutant: Clément Paule)

Mardi 13 décembre 2011 : Hélène Combes – Chargée de recherche CNRS au CERI-Sciences Po. « Construction d'objet et insertion disciplinaire dans la science politique française. Réflexions à partir de contraintes spécifiques d’une thèse sur le Mexique »  (modérateur: Michael Barbut).

 Jeudi 11 janvier 2012: Michael Barbut- doctorant Paris 1, « Les Mapuche à l’international : ethnographies de tournées européennes de deux militants mapuche » (discutant: William Herrera)

 Mardi 24 janvier 2012: Diego Azzi - doctorant Paris 1, « Rapports politiques entre mouvements sociaux et le marché financier au Brésil, dans un contexte de financialisation de l'économie » (discutant: Michael Barbut)

 Mercredi 1er février 2012: Xavier Altamirano - doctorant Paris 1, « Adaptations subies par le monde politique pour mieux faire face aux changements du monde médiatique » (discutant: Clémentine Berjaud)

Mardi 21 février 2012: Clémentine Berjaud - doctorante Paris 1, « L’exposition aux discours présidentiels : enjeux, contexte et variables clefs. Le cas d’Hugo Chavez au Venezuela » (discutant: Xavier Altamirano)

Mardi  20 mars 2012: Doris Bou-Sao – doctorante à Sciences Po Paris, « Les dispositifs participatifs comme modalité de gestion de la conflictualité liée à l'extraction d'hydrocarbures », (discutant: Michael Barbut)

Mardi 27 mars 2012 : Maya Collambon – doctorante à l’IEP d’Aix-en-Provence, « Mobilisations indiennes au Chiapas et au Nicaragua et leur articulation avec l'espace altermondialiste "mesoamerica" (discutant: Quentin Delpech, docteur en Science Politique de l’Université Paris I)

Mardi  10 mai 2012 : Manuel Alcántara - Professeur, Université de Salamanque, « Les élites parlementaires en Amérique latine : études quantitatives et enseignements méthodologiques » (discutant: Johanna Siméant, Professeur, Université Paris 1 (CESSP))