Atelier Amérique
Latine 2010-2011
Ecole
Doctorale de Science Politique de l'Université Paris 1
« Quels
processus de démocratisation ? »
I
- Présentation générale
A
partir des années 1980, l’Amérique Latine connait une vague de démocratisation,
qui se confirme dans les années 1990. Célébrée par les organisations
internationales, encouragée par une seconde version du consensus de Washington,
ces démocratisations ont des histoires complexes et diverses, leur présent
s’incarne au pluriel. A l’opposé d’une interprétation heureuse de la
démocratisation, des critiques s’élèvent périodiquement pour mettre en évidence
l’illusion démocratique. Nombreux sont les cas où la démocratie, validée sur
ses aspects formels, finit par afficher ses faiblesses sur des dimensions
telles que la participation des citoyens, la solidité de ses institutions, la
difficulté d’inclusion de vastes couches de la population. Les chemins pris par
les différents États peuvent avoir divergé, mais nombreuses sont les promesses
non tenues par les récentes constructions démocratiques. Les nouvelles
constitutions, la réorganisation des systèmes politiques, contribuent-ils à
surmonter les défis démocratiques de ces sociétés ?
Certains
pays ont donc connu des processus de participation populaire à travers des
mouvements sociaux ou l’émergence de nouveaux partis politiques, légitimant
l’entrée d’acteurs se démarquant ainsi des partis traditionnels appartenant aux
élites politiques et économiques latino-américaines. Ainsi donc, les
démocratisations s’incarnent à présent dans des figures emblématiques, telles
que celles de Lula au Brésil ou bien Evo Morales en Bolivie. Ces cas nous
invitent à nous interroger sur l’ouverture des régimes démocratiques et sur la
capacité de reconfiguration des systèmes de partis. S’agit-il de simples
adaptations symboliques ou de réelles ruptures avec les équilibres
traditionnels ? Nous croyons que ces processus et les interrogations qui
en découlent doivent bénéficier de plus d’attention de la part de la science
politique.
Il
nous parait nécessaire d’historiciser et sociologiser la réflexion sur la
démocratisation en Amérique Latine, non pas au travers d’une typologie des
régimes démocratiques (démocratie faible contre démocratie forte, régime
présidentiel contre régime parlementaire, populisme contre démocratie libérale,
etc.), mais plutôt en étant attentif aux éléments qui conduisent à la mise en
œuvre plus ou moins conflictuelle de régimes démocratiques. Par delà le label
de démocratie, une pluralité de pratiques coexiste.
II
- Présentation de l’atelier
Partant
de cet objectif nous nous proposons de travailler à partir de trois axes :
A)
La participation des élites politiques aux processus de démocratisation
Il s’agit ici de revenir sur le rôle des élites politiques mais aussi sur ce
qui se joue à leur niveau : luttes internes et externes, place occupée par
les acteurs institutionnels ou non institutionnels, reconfiguration et
constitution de nouveaux systèmes politiques, notamment partisans, ainsi que
les attentes auxquelles ces élites sont confrontées.
Cet axe vise à interroger la politisation, la
mobilisation ou la non mobilisation des citoyens, les formes que celle-ci peut
prendre dans leur confrontation avec le pouvoir, tout en considérant leurs
trajectoires respectives.
C)
La circulation internationale des idées et des représentations politiques
La
compétition pour le pouvoir politique se joue enfin en partie dans
l’importation de nouveaux savoirs, de nouvelles normes et de nouvelles
pratiques, issues des Etats-Unis, ou d’ailleurs. Il faudra donc en analyser les
conséquences, notamment en termes de la légitimité mobilisée par ces
acteurs.
Comme l’indique Camille Goirand dans un article récent
(Goirand Camille, "Penser les mouvements sociaux d'Amérique latine. Les
approches des mobilisations depuis les années 1970", Revue française de science
politique, 60 (3), 2010, pp.
445-466), plutôt que de faire une sociologie des mouvements politiques qui
s’attachent à donner un sens à ces derniers (mode d’analyse du politique
dominant sur l’Amérique Latine), il convient d’en restituer les logiques, les
modalités organisationnelles, les institutionnalisations, les circulations au
niveau national et international de savoir-faire, de légitimités, les processus
de mobilisation, l’acquisition de compétence démocratiques, les rapports aux
politiques, etc.
C’est dans ce cadre de réflexion que s’organisera l’atelier au sein de l’Ecole
Doctorale, pour lequel nous vous proposons cette année une séance toutes les
trois semaines. L’horaire est pour l’instant fixé au lundi, 17 heures.
L’atelier est ouvert à tous les doctorants intéressés par l’aire géographique
ou plus ponctuellement en fonction de leur thème de recherche, le contenu de
chaque séance sera indiqué à l’avance. Les étudiants de M2 qui souhaiteraient
poursuivre en thèse sont également invités.
Chaque
session s’articulera autour des présentations des personnes inscrites (bilan
d’avancement, méthode, chapitre de thèse, discussion autour d’un concept, etc.)
mais aussi autour d’invités selon le thème abordé.
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